Origine et histoire des Ponts-Jumeaux de Toulouse
Les Ponts-Jumeaux forment un ensemble de trois ponts situés au port de l'Embouchure, à la jonction de plusieurs quartiers du nord de Toulouse. Chaque ouvrage enjambe l'entrée d'un canal : le pont central franchit le canal du Midi, le pont sud le canal de Brienne et le pont nord le canal latéral à la Garonne. Le canal du Midi, réalisé au XVIIe siècle pour relier la Méditerranée à la Garonne, aboutit au port de l'Embouchure par l'écluse de descente. Pour pallier l'obstacle constitué par le Bazacle et assurer la continuité de la navigation, l'archevêque Étienne-Charles de Loménie de Brienne finança le creusement d'un canal jusqu'au port de l'Embouchure, confié à l'ingénieur Joseph‑Marie de Saget. La mise en service du canal Saint‑Pierre (ou canal de Brienne) conduisit à l'agrandissement du port et au remplacement du pont du Petit Gragnague par deux ponts jumeaux construits par Saget, l'un achevé en 1771, l'autre en 1774. Chacun de ces deux ponts présente une arche en anse de panier munie d'une clé de voûte, de bandeaux et d'éléments en pierre pour l'appui du parapet, la corniche et l'arc extérieur des voûtes. L'espace séparant les deux ponts fut orné en 1775 d'un bas‑relief en marbre de Carrare par François Lucas, et l'ensemble inauguré en 1776. Au XIXe siècle, la construction du canal latéral à la Garonne, décidée en 1838 et mise en eau en 1857, prolongea la voie navigable et nécessita l'ajout d'un troisième pont, qui complète la composition en lui donnant la forme d'un hémicycle. Ouvrage d'art et de génie civil de facture classique, l'ensemble des Ponts‑Jumeaux est enrichi par le bas‑relief de François Lucas et constitue une œuvre majeure du patrimoine fluvial toulousain. Le bas‑relief représente une allégorie : l'Occitanie tient le gouvernail d'une barque ornée de la croix du Languedoc et ordonne à deux génies de creuser le canal ; le Canal est personnifié par un homme barbu appuyé sur une urne, tandis que la Garonne, tenant une corne d'abondance, symbolise la prospérité de la ville. Le site a connu des transformations liées aux aménagements urbains : à la fin des années 1970, l'écluse et l'embouchure sur la Garonne ont disparu lors de la construction du périphérique et de l'échangeur des Ponts‑Jumeaux ; le bassin a été fermé côté fleuve et les eaux du port rejoignent toujours la Garonne par l'ancienne écluse désormais enfouie sous le pont de la rocade. Classés au titre des monuments historiques par arrêté du 21 novembre 1967, les Ponts‑Jumeaux ont été inscrits à l'inventaire général du patrimoine culturel en 1995 après plusieurs enquêtes thématiques. L'appellation « Ponts‑Jumeaux » désigne également un quartier de Toulouse, un échangeur autoroutier et un ancien stade, toutes des entités liées au site et à son histoire urbaine.